Mai

Le nom de ce mois provient de la déesse Maia, fille d’Atlas
et mère de Mercure, dieu du commerce, de l’éloquence et de la ruse.

 

 

 

 

1er mai Jérémie
(Jour des serpents)

Les vieilles gens appellent le premier jour
de mai Jérémie ou jour des serpents et croient
que celui qui travaille ce jour-là dans les

champs sera mordu par un serpent.
Le matin, la maîtresse et toutes les autres
femmes de la maison – filles et brus – et les
enfants se munissent de tisonniers et de boîtes
de fer blanc à l’aide desquels ils mènent un grand tapage en parcourant la maison et la cour de long en large et en criant: «Sauvezvous, serpents et lézards, car c’est le jour de Jérémie et vous serez attachés avec des lanières et écorchés avec des silex!». Les femmes n’oublient pas de visiter la cave,
l’étable, la bergerie et l’aire pour s’assurer qu’aucun reptile ne s’y cache. Certains villages ont gardé la coutume dite de la «chasse au dragon». Les gens
croient que le dragon, s’il s’est logé sur le territoire du village, empêche les nuages d’affluer
et la pluie de tomber. Les hommes s’appliquent
donc à l’en expulser. Ils procèdent à
des battues nocturnes, armés de bâtons et
complètement nus, parcourant le village d’est
en ouest en frappant partout pour extraire le
dragon de sa cachette et le faire fuir. Après la
chasse, les hommes vont se laver dans l’eau
courante et sont assurés que la pluie ne contournera plus leurs champs.
Le jour des serpents, les jeunes gens et les
jeunes filles vont piétiner l’argile pieds nus,
après quoi ils cueillent de l’ail sauvage qu’ils
emportent à la maison pour se protéger des maléfices et des serpents.
Dans la vallée de la Toundja inférieure, ce jour est consacré au repiquage du chou, car on espère que ses feuilles deviendront denses et se replieront en têtes serrées comme des noeuds de serpents. Certains villages du Rhodope attribuent à Jérémie la faculté de les protéger contre les loups. Le jour de sa fête,
les plus courageux d’entre eux vont chercher des louveteaux dans leurs tanières, les mènent d’une porte à l’autre et reçoivent en échange de la laine, de la farine, des haricots et de la petite monnaie. Dans certains villages, c’est le jour de la tonte des brebis qui se termine par un festin des bergers.

 

2 mai Fête des Boris, Borislav, Borislava. Le pin (en bulgare bor) est le symbole de l’immortalité,
en raison de son feuillage persistant.

5 mai. Fête d’Irénée, Irène. Ce prénom, d’origine grecque, signifie paix.

6 mai LA SAINT–GEORGES

Les coutumes de la Saint-Georges datent
d’une ancienne fête païenne, liée à l’élevage
transhumant des brebis et des chèvres et à la
période de leur première traite. Le prénom
Georges provient du grec et signifie agriculteur.
Les coutumes liées à cette fête sont particulièrement conservées en Bulgarie orientale
où, dès la veille, les jeunes parcourent les
champs pour chasser les mauvais esprits,
dansent des rondes sur trois rythmes différents,
se roulent dans la rosée, cueillent des
rameaux de poirier et des orties avec lesquels
ils ornent les portes de la maison, le grenier, la
cave, l’étable et la bergerie, allument des
cierges et boivent trois gorgées d’eau silencieuse.
Des pains de formes différentes – croix,
bâton, croissant – sont préparés pour l’occasion,
ainsi qu’une galette spéciale dite de la
Saint-Georges confectionnée par la maîtresse
de maison. Elle est ronde et décorée au milieu
d’une croix de pâte aux bords recourbés,
entourée d’une couronne.
Le maître de maison égorge un agneau de la Saint-Georges, engraissé au préalable et paré pour l’occasion d’une couronne en rameau de mûrier et de tiges d’ortie, fixées àl’aide d’un fil rouge. Les enfants sont oints avec le sang de la bête, afin de les garder en bonne santé et à l’abri des sortilèges. Les os de l’agneau sont enterrés dans une fourmilière, afin que les troupeaux se multiplient comme les fourmis.
Après le repas, les villageois se rassemblent sur la grande place où les jeunes se font peser, se balancent et dansent des rondes endiablées.
C’est la fête des Gueorgui, Guergana, Gantcho et Ganka.

 

 

12 mai GUERMAN, SEIGNEUR DE LA GRÊLE

Dans le calendrier populaire bulgare, les seigneurs de la grêle sont au nombre de quatre, le premier d’entre eux, fêté le 12 mai, est Guerman (de l’ancien thrace guerm = brûlant).
Pour se préserver de la grêle, il faut apitoyer Guerman. Personne ne doit aller aux champs ce jour-là. Quiconque oserait le faire est arrêté en cours de chemin ; ses bœufs sont dételés, son char est réduit en morceaux. Les
vieilles personnes disent que ce sont les pécheurs défunts qui fabriquent la grêle dans l’Au-delà et l’entassent afin que le bon Dieu s’en serve pour frapper les pêcheurs sur terre. Guerman, seigneur de la grêle, est assisté par un vieillard dur d’oreille. Lorsque Guerman lui dit: «envoie-la où tu n’es jamais allé», il croit entendre «envoie-la où tu es déjà all»,
c’est pourquoi la grêle frappe où elle a déjà frappé. On croit que le nuage porteur de grêle est précédé d’un aigle. A l’apparition d’un tel
nuage, les gens tirent des coups de fusil dans sa direction, pour effrayer l’aigle et lui faire détourner le nuage. Si cela n’a pas d’effet et la
grêle se met malgré tout à tomber, ils prennent une hache et un couteau et les posent par terre, la lame tournée vers le ciel, afin que la grêle se brise et tourne à la pluie. On peut également faire avaler des grêlons à un garçon et à une fille, aînés ou cadets de familles différentes
qui, à partir de ce jour, sont considérés comme frère et sœur.
Dans le passé, ce jour-là les jeunes confectionnaient en terre glaise une poupée de Guerman qu’ils soumettaient à toutes les
cérémonies funèbres. La statue était confectionnée
soigneusement, y compris toutes les parties permettant de
distinguer le sexe, «sinon, ce serait un péché». Elle était placée
sur une tuile creuse et inhumée au bord d’une rivière ou à un carrefour, hors du village. Ce rite est destiné à protéger le village contre
l’arrivée de Guerman, le seigneur de la grêle.

20 mai ASCENSION. SAINT SAUVEUR

C’est la fête du Sauveur auquel
s’adressent tous ceux qui ont besoin
d’aide. La pluie, si elle tombe ce jour-là,
est aussi précieuse que l’or, car elle
exerce des effets bénéfiques sur les cultures,
les arbres fruitiers et les herbes.
La veille de la fête, les personnes
malades se munissent d’une coupe, d’une
écuelle ou d’une cruche verte, l’enveloppent
dans une serviette blanche neuve, la glissent
dans un sac avec une miche de pain et un
poulet cuit et vont passer la nuit à la belle
étoile, en attendant d’être baignées par la rosée. Les effets miraculeux de la rosée se
trouvent renforcés par l’action des nymphes, envoyées cette nuit-là chez les hommes par le
Sauveur. Le lendemain matin, les malades laissent dans le pré où ils ont passé la nuit les
dons qu’ils ont apportés: de la nourriture, une serviette brodée, des bas de laine ou une chemise
en coton. Les bergers, lorsqu’ils mènent les moutons en pâture, retrouvent les dons et
les prennent en prononçant des voeux de guérison pour les malades. Leurs prières portent
chance. Le matin du Saint sauveur, les gens se saluent pour la dernière fois avec les mots «Le
Christ est ressuscité!» auxquels il convient de répondre: «En vérité, il est ressuscité!», colorent
des œufs en rouge et les distribuent aux voisins. Ils se rendent également au cimetière
où ils déposent sur les tombes des œufs rouges et des feuilles de noyer, censées garder à
l’ombre la dépouille du défunt. Ils versent ensuite de l’eau sur les tombes, jamais de vin,
car c’est le jour où brûlent les planches des cercueils et il faut les éteindre. Jeunes et vieux se rassemblent enfin sur la grande place. On danse surtout au son des chants et la première ronde tourne à gauche,
en signe de souvenir des morts, afin que ceuxci aident les vivants. C’est la fête de Spas, Spaska.

21 mai. SAINTS CONSTANTIN ET HELENE

C’est la fête des danseurs sur la braise de
la région de la Strandja. Cette tradition séculaire
a subsisté jusqu'à nos jours et éveille
l’admiration des spectateurs face au courage
et à l’endurance de ceux qui la pratiquent. Une
légende de cette région en explique l’origine.
A l’époque lointaine où il vivait sur terre,
le bon Dieu décida de se doter d’un assistant
qui devait l’aider à mieux vaquer à ses occupations.
Il se demandait comment éprouver sa
fidélité et finit par trouver le moyen. Il alluma
un grand feu, convoqua tous les jeunes candidats,
attendit que le bois soit réduit en braise
et leur dit: «Celui qui osera mettre ses pieds
nus et danser dans la braise deviendra mon assistant!». Aucun des jeunes ne tenta l’expérience,
sauf un, nommé Constantin, qui se mit pieds nus, marcha sur le feu sans éprouver de douleur et fut même capable d’y danser. Il devint l’assistant du bon Dieu. Un an plus tard, Constantin voulut se
marier. Le bon Dieu finit par accepter et soumit les jeunes filles à la même épreuve. Hélène dansa pieds nus sur la braise, le bon Dieu bénit ce jour et le consacra à Constantin et Hélène. Leur exemple fut suivi et, à partir de ce jour, la tradition des nestinari se répandit dans toute la région. Jeunes et vieux font dès l’aube la provision de bois pour le feu. Le soir, après le coucher du soleil, la cloche se met à tinter.
Des jeunes gens et des nestinari font le tour de l’église en portant des icônes et se rejoignent
autour de la braise. Au son de la cornemuse et du tambour, les nestinari se mettent à danser
autour du feu, se rapprochent de plus en plus et finissent pas sauter sur les charbons incandescents.
Le rythme est rapide, les personnages semblent voler au-dessus du feu. Certains portent des icônes. D’autres s’accroupissent pour toucher les cendres de la main et soulever une nuée d’étincelles.
Les nestinari dansent sur la braise sans éprouver le moindre mal. Bien que la température soit entre 400° et 800° C, la plante de leurs pieds ne présente aucun signe de brûlure et le contact avec le feu ne provoque chez eux aucune sensation de douleur. Pour les non-initiés, ce phénomène relèverait du surnaturel et
les nestinari bénéficieraient de la protection des saints. Certains expliquent l’insensibilité à la chaleur par un long entraînement de marche pieds nus dans la boue, par la rugosité de la plante des pieds des danseurs ou par l’emploi d’onguents mystérieux. Mais les ethnographes ont prouvé que les nestinari n’emploient
aucun artifice particulier. D’autres affirment qu’en raison de la rapidité de la danse, leurs pieds ne touchent la braise que pendant quelques centièmes de seconde. Il semble cependant que l’insensibilité à la
chaleur soit surtout le résultat d’une longue préparation psychologique et que l’état proche de l’extase qui préside à leur danse soit l’effet combiné du jeûne, de la contemplation et de l’épuration de l’organisme qui provoque la contraction des vaisseaux sanguins et le refroidissement des membres inférieurs.
Après la danse sur le feu vient le tour de la ronde autour du feu, à laquelle participe toute l’assistance.
C’est la fête des Constantin, Constantine et Hélène.

24 mai Fête de Cyrille et Méthode. Après l’adoption du calendrier grégorien, la fête religieuse des deux saints est célébrée le 11 mai, mais la fête civile du 24 mai, réglée sur l’ancien calendrier, demeure très populaire. Ces deux prénoms sont d’origine grecque. Cyrille signifie seigneurial et Méthode a gardé sa signification d’origine – systématique, fidèle à la méthode.

29 mai. Fête de Théodosie (Sainte Théodosie, martyre). Ce prénom signifie «donné par Dieu»

29 mai COMMEMORATION DES DEFUNTS

C’est la deuxième commémoration des défunts, le samedi d’avant la Pentecôte. La première étant célébrée le samedi à la veille de Mesni Zagovezni (14 février), la troisième – le samedi à la veille de la Saint-Archange –Michel (6 novembre). Ce jour-là, on se rend au cimetière, on brûle des cierges sur les tombes, on y verse du vin et de l’eau, on prie, on prend une collation et on distribue les restes. Il est également d’usage d’y laisser quelques feuilles de noyer, comme à l’Ascension.

30 mai PENTECOTE
Ce jour est considéré comme la fête de la famille. Après la messe, on fait le tour des champs
en portant des icônes et des bannières pour les protéger contre la grêle et les incendies.
30 mai. Fête d’Emile, Emilie (prénom d’origine latine, signifie enclin au verbiage).

31 mai LE JOUR DU SAINT ESPRIT

Les Bulgares croient que les âmes des morts errent librement sur terre entre le Jeudi saint et le jour du Saint Esprit, en se cachant dans les fleurs et les arbres. Ce jour-là, il faut les attirer avec des feuilles de noyer pour les
rassembler et leur permettre de regagner le ciel, où elles resteront enfermées jusqu’au Jeudi saint de l’année suivante, lorsque les portes célestes s’ouvriront à nouveau. Pour les congédier, il est d’usage de sacrifier un animal
et d’offrir un repas rituel, accompagné de chants et de danses. Le jour du Saint Esprit tombe toujours un
lundi, 51 jours après Pâques, et il inaugure la semaine des naïades.
Avant le jour du Saint Esprit, on ne doit
pas brûler les pampres de la vigne, car les
naïades risquent de se fâcher, d’abîmer les
chatons et de compromettre la récolte.

 

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