Les bulgares dans leurs frontières historiques, ethnographiques et politiques. Atlas contenant 40 cartes.

Préface de D. RIZOFF

 

20. La carte ethnographique de  „ v. Hahn et Zacn (1861)

21.   „    „               „             russe (1867)

22.   „    „               „             de Mackensie et Irby (1867)

23.   „    „               „             du Prof. Erben (1868)

24.   „    „               „             d'Elisée Reclus (1876)

25.   „    „               „             de Kiepert (1876)

26.   „    „               „              „  Synvet (1877)

27.   „    „               „              „  Sax (1877)

28.   „    „               „             de la Société Slave (1890)

29.   „    „               „             Kantchoff (1900)

 

20. — La carte ethnographique de von Hahn et Zach (1861).

 

Cette carte très intéressante est annexée au livre de Hahn; „Reise von Belgrad nach Salonik. Von J. G. v. Hahn, K. K. Konsul für das östliche Griechenland. Wien, 1861. Mit 2 Karten”, d'où nous la reproduisons en fac-similé.

 

Les localités habitées par des Bulgares sont indiquées dans la carte par les lettres latines В et Bu (ajoutées aux noms des localités mêmes), les localités serbes — par la lettre S et les localités albanaises — par la lettre A. Malheureusement, nous étions obligés, par manque de place, de réduire la carte presque à la moitié, de sorte que la lecture en est devenue très difficile sans loupe. Tout de même un coup d'oeil plus attentif sur cette carte suffira pour voir que les habitations serbes commencent au nord du fleuve de Pusta, que les habitations bulgares prédominent dans le bassin du fleuve de Morava jusqu'à ses sources mêmes, qu'il y a des habitations bulgares aussi dans les bassins des fleuves de Sitnitza et de Neredimka dans la plaine de Kossovo, et qu'au sud de la Morava il n'y a indiquée aucune habitation serbe.

 

Cette carte a pour nous une valeur spéciale parcequ'elle a été faite avec la collaboration de F. Zach, alors chef de l'académie militaire serbe, qui y fit ressortir le point de vue serbe, de sorte qu'elle pourrait être considérée à peu près comme une carte serbe. D'autant plus, que les savants et les hommes politiques serbes à cette époque étaient entièrement satisfaits d'elle — ce qui suit d'une lettre de Jovan Gavrilovitch adressée au folcloriste et ethnographe bien connu, le créateur de la langue écrite serbe et son orthographe, Vouk Karadjitch (Voir: „La correspondance de Vouk”, Belgrade 1907—1912, 6 volumes).

 

Hahn (1811—1860) lui-même est considéré comme bon connaisseur de l'Albanie et de la partie occidentale de la Presqu'île Balcanique. Ses „Albanesische Studien” (3 volumes), le livre mentionné ci-dessus et son ouvrage „Reise durch das Gebiet des Drin und Wardar. Wien, 1869,” sont des études d'une extrême valeur pour la connaissance de la Presqu'île Balcanique. Hahn a fait ses voyages ou bien par ordre du gouvernement viennois dont il était consul, ou bien par ordre de l'Académie de Vienne. Il connaissait à fond les conditions ethnographiques de” la Presqu'île Balcanique et comme tel il a pu fournir des données très véridiques sur l'étendue des Bulgares.

 

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( 20. — La carte ethnographique de von Hahn et Zach (1861) )

 

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21. — La carte ethnographique russe (1867).

 

En 1867 il a été organisée dans la vieille capitale russe de Moscou, sur l'initiative des Slavophiles russes, une „Exposition Slave”, où participèrent les hommes les plus remarquables du slavisme à cette époque là. Pour cette célèbre exposition, unique dans son genre jusqu'à nos jours, il a été préparée une carte ethnographique des nationalités slaves, qui fit alors une grande impression et fut approuvée par tous les délègues slaves qui y assistèrent. La carte a eu dans son temps un tel succès qu'elle a dû être éditée à trois reprises jusqu'en 1877. Cette carte ethnographique, devenue historique par son importance a été élaborée par M. F. Mirkovitch, géographe et ethnographe russe à cette époque, et intitulée: „Carte ethnographique des nations slaves.” On voit d'une feuille imprimée se rapportant à cette carte, que son auteur non seulement consulta soigneusement la littérature ethnographique sur la Presqu'ile Balcanique, mais il se renquérit pour de certaines localités des pays balcaniques auprès de bons connaisseurs de ces territoires.

 

Nous reproduisons de cette carte la partie se rapportant à la Presqu'ile Balcanique, et suivant notre méthode, nous la reproduisons en fac-similé dans les proportions et aux couleurs de l'original.

 

Selon cette carte russe, presque toute la Macédoine, toute la région de Niche, même la petite ville de Knjajevatz (Grgussovatz) y compris, et la Dobroudja entrent dans les frontières de la nationalité bulgare.

 

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( 21. — La carte ethnographique russe (1867) )

 

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22. La carte ethnographique de Mackensie et Irby (1867).

 

[[ Two courageous and enlightened British ladies, Mackensie and Irby, travelled through a large part of the Balkan peninsula in the years 1862 and 1863. They published their studies in 1867 in London in the book „The Turks, the Greeks and the Slavons. Travels in the Slavonic Provinces of Turkey-in-Europe. By G. Muir Mackenzie and A. P. Irby, London, 1867. With Maps etc.” The authors approached their subject very seriously. Everywhere they went they met the local people and collected information from them. The information was later checked with the consuls and missionaries. Their conscientiousness and objectivity was so high that when in Constantinople, they met with representatives of both the Greek Patriarchate and the Bulgarian people in order to verify once more the collected by them data. Simultaneously, they also investigated the ongoing at that time Greko-Bulgarian church dispute which ended with the creation of the Bulgarian Exarchate in 1870. How much their book was appreciated by the people versed in these matters is seen by the fact that it was translated into several languages and that a second edition appeared in 1877, with a foreword by the great Gladstone.

 

The book is supplemented with an ethnographical map which we reproduce in facsimile in the size of the original. As it can be seen from this map almost the whole of Macedonia (to the west reaching the river Cherni Drim and to the south-west – the mountain Gramos), the whole district of Nish, Dobrudzha and a part of southern Bessarabia are included in the boundaries of the Bulgarian people.

 

It is worth mentioning the interesting detail that this book was translated into Serbian by the well-known Serbian statesman and academician Cheda Mijatovich who also served several times as Serbian minister and who was for several years the Serbian ambassador in London until the brutal murder of the dynasty of Obretenovich in Serbia. Mr. Mijatovich presented this book to the Serbian people with one foreword, full with admiration, in which not only there is not a single word of objection that Macedonia and the district of Nish are shown as Bulgarian lands but he even praises Mackensie and Irby for their objective depiction of the Slavic peoples in Macedonia, Bosnia and Hertzegovina. And the Serbian readers of this book did not object either. ]]

 

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( 22. La carte ethnographique de Mackensie et Irby (1867) )

 

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23. — La carte ethnographique du Professeur Erben (1868).

 

Le professeur Jaromir Erben (1811—1870), écrivain tchèque, était un bon connaisseur des langues slaves, leur histoire et mythologie. Il a écrit des études précieuses sur la mythologie slave. Sa carte „Мара Slovanskèho Svèta” n'est pas originale. Comme Erben lui-même le remarque dans le sous-titre de sa carte, elle est composée par lui en base des d'innées ethnographiques de quelques auteurs. Les cartes de Chafarik, de Lejean et la carte russe de 1867 de Mirkovitch y ont trouvé la plus grande application. La carte d'Erben a paru comme annexe à une revue tchèque et avait pour but de faire connaître aux Tchèques l'étendue des Slaves en Europe.

 

Nous reproduisons cette carte précisément parcequ'elle porte le caractère d'une compilation, n'ayant pas la possibilité de reproduire toutes les cartes dont se servit Erben. C'est entendu, que nous ne reproduisons que la partie de la carte se rapportant à la Presqu'île Balcanique. Par contre, nous avons agrandi cette carte presque du double, en maintenant l'exactitude et les couleurs de l'originale.

 

D'après cette carte, toute la Macédoine, la région de Niche et la Dobroudja sont des territoires dans lesquels les habitants slaves sont qualfiés des Bulgares.

 

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( 23. — La carte ethnographique du Professeur Erben (1868) )

 

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24. — La carte ethnographique d'Elisée Reclus (1876).

 

Elisée Reclus (1830—1905) est un célèbre géographe français. Son ouvrage capital: „Nouvelle Géographie Universelle” paru à Paris de 1875 à 1894 en 18 gros volumes, rempli de cartes et d'illustrations, est devenu un aide-mémoire pour chacun qui s'intéresse à la géographie. Cet ouvrage est le premier essai en France de donner des bases scientifiques à la géographie.

 

Ainsi que la carte du professeur Erben, la carte de Reclus est aussi une compilation, mais nous la reproduisons comme telle, parceque le choix des sources (Lejean, Kanitz et de Czoernik) est fait par un géographe universellement connu, qui connaissait la littérature de la matière et se mit à composer la carte avec une impartialité vraiment scientifique. La remarque faite par Reclus même sous la carte montre jusqu'où va cette impartialité.

 

La carte est reproduite en fac-similé, presque dans les mêmes dimentions que l'original. Quoiqu'on n'y voit que les grandes villes, il n'est pas difficile de constater, que presque toute la Macédoine et toute la région de Niche sont désignées comme des territoires où prédominent les Bulgares.

 

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( 24. — La carte ethnographique d'Elisée Reclus (1876) )

 

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25. — La carte ethnographique de Kiepert (1876).

 

Henri Kiepert (1818—1899) est un célèbre géographe et cartographe allemand. Sa réputation date depuis l'apparition en 1846 de son remarquable „Atlas von Hellas” (en 24 feuilles), après lequel furent publiées l'une après l'autre les cartes magnifiques de l'Asie Mineure et de la Palestine, préparées sur place même; à celles-ci suivit son „Atlas biblique” bien connu qui nécessita 3 éditions en 8 ans. Toutes les nombreuses oeuvres cartographiques de Kiepert sont remarquables par leur valeur scientifique et une excatitude inconnue jusqu'à lors. C'est pour ces rares mérites que l'Exposition Universelle de Paris en 1867 lui accorda le „Grand-Prix” de cartographie.

 

Kiepert se mit à l'étude de l'Empire Ottoman, en commençant par l'Asie Mineure pour arriver en Europe. C'est pendant ses voyages scientifiques qu'il parcourut les pays habités par des Bulgares, interrogea les gens du pays et beaucoup de Bulgares habitant Constantinople, sur l'étendue de leur race, tout en étudiant avec zélé la littérature sur l'ethnographie de la Presqu'île Balcanique. Le résultat de ces recherches et études est la carte que nous reproduisons en fac-similé — par manque de place, dans des proportions un peu diminuées. Quoiqu'on trouve sur cette carte plus d'habitations turques et albanaises, qu'il y en avait en réalité, bien des fautes commises dans les cartes ethnographiques précédentes y ont été rectifiées. Comme on peut le constater facilement, Kiepert aussi considère toute la Macédoine (parsemée par des Albanais à l'ouest et des Grecs au sud) et toute la région de Niche comme des territoires habités pour la plupart par des Bulgares.

 

Cette carte de Kiepert a eu le sort heureux d'obtenir une certaine importance historique: elle servit de base pour marquer les frontières des deux Bulgaries autonomes à la conférence européenne de Constantinople en 1876—1877; c'est aussi d'après cette carte que furent tracées les frontières de la Presqu'île Balcanique au Congrès de Berlin en 1878. On sait aussi quelle grande valeur le prince de Bismarck attachait à cette carte.

 

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( 25. — La carte ethnographique de Kiepert (1876) )

 

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26. — La carte ethnographique de Synvet (1877).

 

Cette carte est grecque. Elle a pour auteur A. Synvet, de nationalité française et professeur de géographie au Lycée Ottoman à Constantinople; mais la carte est composée d'après les informations fournies par le Patriarchat grec et les Grecs mêmes l'ont considérée toujours comme leur carte.

 

Nous imprimons cette carte (en fac-similé un peu réduit) dans notre Atlas pour trois raisons: 1) afin de démontrer une fois de plus notre entière impartialité envers les autres prétendants en Macédoine; 2) pour faire voir que les alliés serbes d'aujourd'hui, les Grecs, ne reconnaissaient pas en 1877 l'existence de Serbes en Macédoine; et 3) pour faire ressortir d'une façon claire, que les Grecs mêmes considèrent la majorité chrétienne, habitant la Macédoine, comme des Grecs parlant le bulgare. Synvet les appelle dans sa carte des „Gréco-Bulgares” et les journaux grecs les ont appelles toujours „Vulgarophoni Hellini” (des Grecs de langue bulgare). L'explication que les Grecs donnent à leur théorie de „Grecs parlant le bulgare” est très curieuse. Ils prétendent: que la Macédoine a été habitée toujours par des Grecs, mais, que des hordes barbares de Bulgares, qui envahirent le pavs, leur imposèrent leur langue. Est-il donc possible qu'un peuple sans culture impose sa langue barbare à un peuple cultivé parlant la langue de Socrate et Demosthène? Que nos lecteurs éclairés à l'étranger se prononcent à quel point cette théorie grecque est fondée. De notre côté nous rappellerons ici le fait historique connu de tous: que les Turcs ne parvinrent pas dans le courant de 5 siècles à imposer leur langue aux peuples subjugués par eux en Europe, pas même à ces Chrétiens qui embrassèrent la religion mahometane. Encore aujourd'hui tout le monde sait que les Grecs mahométans en Epire parlent le grec, les Serbes mahométans en Bosnie et Herzégovine parlent le serbe et les Bulgares mahométans en Macédoine et dans la région des Rhodopes parlent le bulgare.

 

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( 26. — La carte ethnographique de Synvet (1877) )

 

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27. — La carte ethnographique de Sax (1877).

 

Cette carte autrichienne est le résultat d'un travail de 17 ans. Charles Sax fut pendant de longues années consul austro-hongrois à Saraevo, Rouschouk et Andrinople. Il parcourut au long et au large la Presqu'île Balcanique, il étudia à fond la littérature sur la Turquie d'Europe (il connaissait les oeuvres et les cartes d'Ami Boue, Lejean, Hahn, Kanitz, Kiepert, Synvet etc.), il collectionna des matériaux et rectifia leurs données auprès de presque tous ses confrères, les consuls et vice-consuls austro-hongrois en Turquie d'Europe, et après tout cela il imprima toute une série de recherches importantes sur la population de ce pavs. C'est à cause de la compétence de l'auteur que sa carte ethnographique a une grande importance. Elle a été éditée sous forme de brochure en 1878 par la société Impériale et Royale de Géographie à Vienne, dont la compétence sur la question n'est pas moindre. La brochure contient des données statistiques sur les différentes nationalités habitant la Turquie d'Europe et est intitulée: „Carte ethnographique de la Turquie d'Europe et ses dépendances à l'époque du commencement de la guerre en 1877 par Charles Sax, Consul J. et R. d'Autriche-Hongrie à Andrinople. Editée par la Société J. et R. de Géographie, Vienne 1878.”

 

La remarque suivante que nous trouvons dans la brochure nous permet de juger de l'opinion de la Société autrichienne de Géographie sur la valeur scientifique de cette carte:

 

„Nous possédons outre la carte du consul C. Sax, encore un croquis de carte ethnographique de la Turquie du Baron Karl von Krauss, élaborée sur la base de meilleures sources, ayant en vue la nationalité et la confession des populations en Turquie, comme l'a fait Sax aussi dans sa carte. Une comparaison détaillée de ces deux cartes nous montre l'accord presque complet entre elles et nous persuade que la carte du consul Sax — le résultat de recherches de 17 ans sur place même — donne un tableau cartographique de l'ethnographie de la Turquie répondant le plus aux faits.”

 

Pour comprendre toute la portée de cette appréciation de la carte de Sax de la part de la Société J. & R. de Géographie de Vienne, il faut se rappeller, qu'elle est faite en 1878, à une époque où la diplomatie officielle de l'Autriche, craignant les tendances conquérantes de la Russie, luttait ouvertement pour le détachement de la Macédoine de la Principauté de Bulgarie qui venait d'être créée.

 

Nous reproduisons cette carte en fac-similé et dans des dimensions insensiblement diminuées. D'après cette carte, presque toute la Macédoine (parsemée par des Albanais à l'ouest et au nord-ouest) et toute la région de Niche sont des territoires habités de préférence par des Bulgares.

 

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( 27. — La carte ethnographique de Sax (1877) )

 

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28. — La carte ethnographique de la Société slave de bienfaisance à Petrograde (1890).

 

Cette „Carte des peuples slaves”, composée par N. C. Zarjanko et éditée par V. V. Komaroff est en réalité l'œuvre de la Société slave de bienfaisance à Petrograde. Elle a été élaborée après consultation des professeurs slavistes, membres de cette Société. Lors de sa composition, ses auteurs disposaient d'une énorme littérature étrangère et russe sur la matière, des recherches faites sur place même par les voyageurs bien connus russes en Turquie d'Europe. Victor Grigorowitch. Hilferding etc. et de riches matériaux qui se trouvent au Ministère russe des Affaires Etrangères, aux ambassades russes à Constantinople et a Vienne et au Grand Etat-Major russe. — Cette carte présente des rectifications importantes de la carte russe de 1867. que nous avons publiée plus haut (principalement par rapport à l'étendue des Bulgares en Thrace méridionale, Deli-Orman et Dobroudja) et se rapproche dé la carte russe de A. F. Rittich: Carte des Slaves occidentaux et méridionaux. Petrograde. Edition Etablissement cartographique A. Jlin, ainsi que de la carte de la Macédoine par B. Teplow, employé de longues années à l'Ambassade russe de Constantinople.

 

Nous reproduisons la partie de la carte se rapportant à la Presqu'ile Balcanique. dans sa première édition et, cela va sans dire, en fac-similé et dans les couleurs et proportions de l'originale. Nous la reproduisons à cause de son authenticité, son exactitude et impartialité, et paicequ'elle a une histoire intéressante, qui mérite d'être racontée ici en résumé.

 

Lors de l'apparition de la carte, le ministre plénipotentiaire serbe à cette époque à Petrograde G. Simitch reçut l'ordre de Belgrade de protester contre le fait que la Macédoine y figure comme pays bulgare. Le protêt a été fait auprès de la Société slave de bienfaisance ainsi qu'auprès du gouvernement russe. Par suite de ce double protêt, la Société slave de bienfaisance se vit forcée d'imprimer une seconde édition de la carte, dans laquelle elle neutralisa la couleur bulgare de la Macédoine. Mais, comme il arrive dans des pareilles occasions, l'idée ne vint pas à l'éditeur de changer le tableau statistique des Bulgares en Macédoine (que nous ne publions pas par manque de place) et oublia de mettre dans la colonne des couleurs, une couleur spéciale pour les „slaves macédoniens”.

 

A propos de cette étrange histoire de longs débats sur la Macédoine se produisirent dans les salles de la Société de Bienf. à Petrograde entre des représentants serbes et bulgares. Ce fut un journaliste russe du nom de Peter Nebolsin, ayant vécu longtemps en Bulgarie et en Serbie comme correspondant du journal „Novoé Vremia” et connaissant très bien les deux peuples, qui mit fin à ces disputes. Nebolsin recommanda un critérium original et spirituel pour constater infailliblement la nationalité des „slaves macédoniens”, à savoir: Une commission de slavistes devait parcourir la Macédoine et interroger lesquels des slaves injurent Dieu et lesquels ne le font pas. Vu que les Serbes sont les seuls slaves qui profèrent des jurons contre Dieu, la commission devait proclamer Serbes tous les slaves macédoniens injuriant Dieu, et Bulgares — tous ceux qui considèrent comme un péché de blasphémer le nom de Dieu.

 

Il est facile de se représenter l'effet foudroyant de ce critérium psychologique, si l'on considère, que personne en Macédoine n'injure Dieu.

 

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( 28. — La carte ethnographique de la Société slave de bienfaisance à Petrograde (1890) )

 

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29. — La carte ethnographique de Kantchoff (1900).

 

Cette carte de la Macédoine est bulgare. Elle a comme auteur Vassil Kantchoff, qui fut longtemps inspecteur des écoles bulgares en Macédoine, et, en cette qualité, parcourut le pays dans toutes les directions. On peu dire sans exagérer qu'il n'y a pas de coin en Macédoine où Kantchoff n'a pas été et n'a pas étudié. Il était particulièrement qualifié pour faire ces études pareequ'il connaissait à fond la littérature ethnographique de la Presqu'île Balcanique et c'était un homme incroyablement objectif et impartial même dans les questions nationales et politiques. Avec cela, Kantchoff disposait pour ce but de tous les instituteurs bulgares en Macédoine, qui connaissaient leurs rayons comme leur propres poches.

 

Nous regrettons seulement que la place restreinte dont nous disposons, nous oblige à fac-similer sa carte en la réduisant à moins de la moitié, de sorte que la lecture en est difficile sans loupe. Mais les lecteurs se sont déjà tellement habitués à la carte ethnograghique de la Presqu'île Balcanique, qu'ils pourront facilement s'orienter dans une carte ethnographique de la Macédoine, même si elle est sensiblement diminuée.

 

Nous regrettons aussi de ne pouvoir pas ajouter à cette carte une carte du géologue contemporain serbe, l'idéologue du panserbisme chauvin, le professeur Zwiitch, l'inventeur des „Slaves macédoniens”. Mais puisque ce savant serbe dans l'espace de 5 mois seulement, et pour des considérations purement politiques, a émis deux opinions différentes sur l'ethnographie de la Macédoine, nous pensons que sa carte ethnographique ne peut avoir ancune valeur scientifique. On sait, que le professeur Zwiitch reconnut en octobre 1912 dans la revue anglaise „Review of Reviews” comme sphère ethnographique serbe en Macédoine seulement les arrondissements du nord du département d'Uskub (les villes d'Uskub, Koumanovo et Tetovo) et une petite partie de la Macédoine nord-ouest (les villes de Debr et Strouga); et en mars 1913 il publia dans la revue allemande „Petermanns Geogr. Mitteilungen” une carte ethnographique de la Macédoine, où il coloria de la couleur bleue serbe presque la moitié de la Macédoine et proclama le reste des Bulgares en Macédoine (à l'exception des habitants à la frontière orientale) des „Slaves Macédoniens”.

 

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( 29. — La carte ethnographique de Kantchoff (1900) )

 

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