L’INSURRECTION DE KRESNA-RAZLOG 1878-1879

DOJNO DOJNOV

(R é s u m é)
 

L’Insurrection de Kresna-Razlog est la limite de deux époques dans le développement historique du peuple bulgare. Or elle marque la fin des luttes délibération nationale et révolutionnaires et inaugure en même temps l’étape des efforts héroïques et tragiques par leurs suites des Bulgares masédoniens et d’une partie des Bulgares thraces pour la suppression des survivances du féodalisme ottoman, pour la liberté et le progrès social.

Et c’est peut-être à cause de cela que l’insurrection est restée dans l’ombre des événements historiques, telles l’insurrection d’Avril, la Guerre de libération russo-turque de 1877-1878, l’Insurrection d’Ilinden-Preobrazen, etc. et qu’elle n’a pas trouvé la place qui lui est due dans l’historiographie bulgare et étrangère. Seule l’étude du patriarche bulgare Cyrille “La résistance au Traité de Berlin. L’insurrection de Kresna”, Sofia, 1953 en fait exception dans une certaine mesure, mais elle aussi n’est pas exhaustive, et après son édition ont été découverts, étudiés et publiés maints documents, mémoires, etc., qui jettent une nouvelle lumière, complètent et enrichissent l’histoire de l’insurrection.

La présente étude se propose de synthétiser les faits connus jusqu’à présent, d’utiliser les témoignages historiques nouvellement découverts et de réexaminer les événements sur la base de la littérature existante et nouvellement parue (bien que, dans bien des cas, non consacrée directement à l’insurrection, mais révélant indirectement certaines de ses particularités essentielles). Plus spécialement, l’auteur se propose d’aborder les problèmes insuffisamment étudiés tels que: la répercussion politique de l’insurrection qui est déclenchée et se déroule seulement en Macédoine du Nord-Est et dans les autres parties de la province, d’analyser de nouveau tous les documents authentique existants concernant l’insurrection et de dévoiler par là l’organisation, l’objectif et le programme insurrectionnels, de retracer la politique des grandes puissances et le rôle des mouvements balkaniques de libération nationale en tant que facteurs de ses résultats finals. En même temps, il laisse entendre que les conditions préalables socio-économiques et socio-politiques de l’insurrection ne sont pas étudiées dans l’ouvrage vu qu’elles sont entièrement examinées par lui dans son ouvrage précédent: “Les luttes nationales-révolutionnaires dans la Bulgarie du Sud-Ouest pendant les années 60-70 du XXe s.”, Sofia, 1976.

L’ouvrage comprend une introduction et trois chapitres, à savoir: chapitre I - “Préparation, déclenchement et déroulement de l’insurrection”; chapitre II – “Direction et organisation de l’insurrection”; chapitre III - “La situation politique extérieure et l’insurrection” et conclusion.

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Dans l’exposé sont étudiés les problèmes et événements plus importants suivants: )

Les causes de l’Insurrection de Kresna-Razlog sont les mêmes que celles qui ont déterminé également la précédente Insurrection d’Avril - l’oppression nationale étrangère et les procédés d’exploitation semi-féodaux à laquelle était soumise la population bulgare dans les conditions de l’Empire ottoman. Mais parallèlement à ces causes le prétexte réel pour l’insurrection étaient les décisions injustes du Congrès de Berlin en vertu desquelles les Bulgares en Thrace et en Bulgarie étaient séparés de leurs frères de la Bulgarie du Nord et restaient en dehors des limites de la Principauté de Bulgarie libre. Par conséquent, l’insurrection était orientée aussi bien vers la conquête de l’indépendance nationale, la suppression des formes ignobles du système semi-féodal ottoman que vers la création d’un Etat Bulgare unique.

En ce sens l’insurrection est le prolongement logique et l’extension de la révolution bourgeoise-démocratique nationale bulgare.

Même jusqu’à l’Insurrection de Kresna-Razlog la population bulgare de la Macédoine (qui d’ailleurs se sentait elle-même bulgare et se déclarait comme telle) avait lutté dans un front uni avec les Bulgares des autres terres bulgares pour la libération nationale.

Les clauses du Traité de Berlin de 1878, qui démembraient les terres bulgares, ne répondaient pas à l’esprit, au caractère et aux exigences du programme de la nation bulgare; elles étaient également en contradiction avec les luttes et les aspirations séculaires du peuple bulgare, y compris la population en Macédoine (prédominant en nombre dans cette région, bien qu’il y eût aussi d’autres groupes de nationalités - Turcs, Grecs, Valaques, Albanais, etc.).

Les faits témoignent que les Bulgares en Macédoine attendaient avec impatience et avec joie leur libération pendant la Guerre russo-turque de 1877-1878. Aux autorités russes sont envoyées des dizaines de délégations, de pétitions etc., les sollicitant d’envoyer des détachements russes pour libérer également ces régions de la Bulgarie.

A cause de l’opposition des grandes puissances et devant la menace d’une guerre avec l’Autriche-Hongrie et l’Angleterre, le gouvernement russe s’abstient de procéder à l’exécution du traité de paix de San Stefano. Au-delà de la ligne de démarcation restent les terres au Sud et à l’Ouest de Gorna Dzu-maja (actuellement Blagoevgrad) et de Kjustendil.

Dès ce moment commence d’une manière impétueuse la lutte de la population bulgare en Macédoine pour rejeter le joug et de façon tout à fait spontanée et non inspirée par personne, pour l’union avec la Principauté bulgare libre. Un exemple typique en sont les 40 localités de Carevo Selo. Avec l’aide des détachements d’insurgés des voïvodes et révolutionnaires bien connus Iljo Markov et Dimitâr Popgeorgiev, la population de cette région chasse les autorités turques, se déclare libre et s’incorpore au département de Kjustendil, c’est-à-dire à la Principauté de Bulgarie. Dans toute la Macédoine orientale opéraient des détachements d’insurgée dont certains n’avaient pas cessé leur activité depuis la guerre et suscitaient la population à la lutte armée. En même temps, dans des centaines d’exposés et de requêtes, les Bulgares en Macédoine, les émigrés dans la Principauté et la Roumêlie orientale s’efforçaient d’inciter la diplomatie à l’action pour l’exécution du Traité de San Stefano.

En réalité, le mot d’ordre pour l’application du Traité de paix de San Stefano tendait à la liquidation de l’oppression féodale turque, à la solition du pro-

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blême agraire et de la libération nationale. Et c’est pour cette raison que le mouvement pour son application, pour la création d’un Etat bulgare unique revêt un caractère de masse.

La publication du Traité de Berlin fut accueillie avec une désolation profonde et une inquiétude légitime par les Bulgares en Macédoine. Mais en même temps, dès ce moment, sur la base des traditions nationales révolionnaires et la lutte impétueuse déclanchée, on commence la préparation de la résistance armée, c’est-à-dire d’une insurrection organisée.

Les foyers de la résistance des Bulgares de Macédoine furent les villes frontalières Kjustendil et Gorna Dzumaja (actuellement Blagoevgrad), où fut concentrée une nombreuse masse de réfugiés de la Macédoine, de tchétas d’insurgés, d’anciens voïvodes. Chaque jour dans ces régions avaient lieu des engagements avec les gardes frontalières turques, des passages clandestins de l’intérieur de la Macédoine vers la Principauté et inversement - pénétration de tchétas et de Bulgares armés pour des opérations par derrière contre l’ennemi.

En même temps, à Sofia fut formée une importante émigration de la Macédoine - surtout des intellectuels macédoniens bulgares, qui sous la forme de comité de bienfaisance, commence une préparation politique intense de l’insurrection. Cette activité était facilitée par l’arrivée de Natanaïl Ohridski - ancien évêque d’Ohrid qui non seulement approuve l’activité des militants émigrés de Sofia, mais se met à la tête du mouvement.

Une place importante dans la préparation de l’insurrection occupe la réunion au monastère de Rila, ouverte le 8 septembre 1878 (ancien calandrier). Ont assisté à la délibération Natanaïl Ohridski, Dimitar Popgeorgiev, Iljo Markov et autres voïvodes et chefs de tchétas.

Il y fut décidé d’organiser des gardes paysannes pour la protection de la frontière, de la population bulgare contre les attaques des bachi-bouzouks et en même temps pour la préparation intensive de l’insurrection.

Juste à ce moment les militants de la préparation de l’insurrection furent résolument encouragés et soutenus par les patriotes de la Bulgarie du Nord - au monastère de Rila arrive l’envoyé du Comité de Tarnovo “Unité” qui fait part de l’empressement des Bulgares de la principauté de Bulgarie nouvellement créée à prêter leur plein concours aux insurgés macédoines.

Les comités “Unité” sont fondés dans la Principauté à la fin d’août et au début de septembre 1878. L’initiative pour leur création appartient aux anciens révolutionnaires bulgares Ljuben Karavelov, Stefan Stambolov, Hristo Ivanov le Grand et autres bien que dans ces comités fussent entrés un grand nombre de représentants de la bourgeoisie bulgare et du haut clergé. Le principal objectif que s’étaient assigné les comités était d’aider moralement et matériellement la lutte de résistance des Bulgares en Roumélie Orientale et en Macédoine contre les décisions du Congrès de Berlin. Cette assistance était non seulement indispensable pour le mouvement de résistance, mais elle était dans une grande mesure provoquée par les prières et demandes instantes adressées par les dirigeants et les participants à la résistance, aux patriotes de la Bulgarie du Nord. De cette manière la lutte revêtait un caractère bulgare général non seulement par ses objectifs et tâches, mais aussi par les efforts et la participation de tout le peuple bulgare.

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A l’aube du 5 octobre 1878 (ancien calendrier) 400 insurgés attaquent la troupe turque, montant la garde près des auberges de Kresna et après une lutte de 18 heures parviennent à briser sa résistance. Cette attaque et ce premier succès marquent le début de l’Insurrection de Kresna-Razlog.

A la bataille de Kresna prennent part avec leurs tchétas plusieurs voïvode, avec en tête le connu Stojan Karastoïlov, ainsi que d’anciens volontaires et paysans bulgares, des villages environnants. La direction générale était réalisée par Dimitar Popgeorgiev et l’ancien “sotnik” (centurion) cosaque Adam Chtalmikov.

Les insurgés réussissent à faire prisonnière toute l’unité militaire turque (119 soldats et 2 officiers).

Le succès près de Kresna encourage les insurgés et en impose aux unités turques et aux détachements de bachi-bouzouks. Du coup, les insurgés se dirigent vers le sud et s’emparent des villages dans la vallée de la Struma, cependant que d’autres forces insurgées se dirigent à droite de la rivière - dans le lieu dit “Karsiaka” et étendent l’insurrection également sur cette région.

Au cours des combats qui s’ensuivent, les insurgés parviennent à occuper 43 localités et à pousser jusqu’à Belica et Gradesnica au sud; au sud-ouest ils s’emparent de tout le Karsiaka; au Sud-Est - les positions des insurgés sont établies le long du Predel, au-dessus de la région de Razlog. En marge des opération militaires directes des insurgés, au sud et à l’Ouest en Macédoine opèrent des tchétas isolées - il y a des troubles, tandis qu’à la direction des insurgés arrivaient des délégations demandant des armes, aide et assistance. Toute la populations bulgare en Macédoine est en émoi en attendant des conditions plus propices pour s’insurger et se libérer. Au cours des opérations militaires est créé un état-major insurrectionnel, avec chef d’état-major Dimitàr Popgeorgiev qui prend en ses mains la direction insurrectionnelle militaire. Des conseils des anciens et une direction de police locale sont également créés - organes du nouveau pouvoir révolutionnaire qui se charge de l’organisation administrative des territoires nouvellement libérés, du maintien de l’ordre et la tranquilité dans la région, de la mobilisation de nouveaux combattants etc. Au début la direction de police avait pour mission de distribuer à la population pauvre les biens des beys et fermiers enfuis.

Le comité “Unité” de Gorna-Dzumaja à la tête duquel était Konstantin Bosilkov - né à Koprivstica, maître d’école de longues années dans la région de Macédoine, a joué en ce temps un rôle important d’organisation, de ravitaillement et d’aide.

Simultanément avec les opérations dans la région de Kresna, le 8 novembre 1878 (an. cal.), l’insurrection éclate également dans la vallée de Bansko-Razlog. Un rôle important y a joué la tchéta de volontaires, composée de Bulgares de la Bulgarie du Nord, avec en tête Banjo Marinov - ancien révolutionnaire et volontaire, à laquelle s’allièrent des dizaines d’insurgés locaux. Ap rès une engagement violent, la tchéta réussit à s’emparer de la ville de Bansko. Le deuxième centre de l’insurrection dans la vallée de Bansko-Razlog fut le village Gorno Dragliste où se concentrèrent les insurgés des autres villages dans la vallée.

Les insurgés dans cette région se défendent avec succès pendant quelques jours, mais à cause de la supériorité numérique de l’ennemi, ils sont dé-

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faits. Des centaines de femmes, d’enfants et de vieillards sont victimes des atrocités des bachibouzouks tandis qu’une masse importante de réfugiés se dirige vers la frontière de la Principauté de Bulgarie. Parmi ces réfugiés étaient également les parents de Georgi Dimitrov.

D’autre part, les combats pendant cette période le long de la Struma dans le défilé de Kresna prirent également une tournure défavorable. Plus de 8000 soldats de l’armée turque régulière et beaucoup de bachi-bouzouks se dirigèrent contre les forces insurrectionnelles et parvinrent à les repousser consécutivement jusqu’au village Kresna. Au même moment des dissensions éclatèrent au sein de la direction insurrectionnelle - les volontaires étrangers, dans la plupart des aventuriers, à la tête d’Adam Kalmikov, par des intrigues écartèrent les dirigeants locaux, en tête avec Dimitar Popgeorgiev, tandis que le héros de Kresna - Stefan le voïvode fut lâchement tué. Ceci marque la fin d’une étape de l’Insurrection.

Les échecs essuyés pendant l’automne 1878 ont déterminé l’organisation de la direction insurrectionnelle et l’adoption d’une nouvelle tactique. Maitenant les efforts se concentrèrent en vue de la création d’un Comité central qui devait assumer la direction de l’insurrection (faisaient partie du comité Natanaïl Ohridski et les anciens du Comité central révolutionnaire bulgare de 1874-1876 Stefan Stambolov et Nikola Obretenov) et de préparer une insurrection au printemps de 1879 à l’intérieur de la Macédoine.

A cet effet furent organisés 400 insurgés, qui devaient franchir la frontière et servir de noyau principal pour le déclenchement de l’insurrection.

Stefan Stambolov et Nikola Obretenov de leur côté insistaient pour l’envoi en Macédoine d’émissaires qui à l’exemple de l’Insurrection d’Avril, devaient préparer la population pour l’insurrection au point de vue politique, organi-sationnel et militaire-technique.

La tchéta, qui passe au mois de mai 1879 en Macédoine, malgré la sympathie de la population locale et faute d’organisation préalable n’a pas pu atteindre son but. Après avoir traversé le Vardar, détruit la ligne ferroviaire et livré quelques combats, elle est dispersée et défaite.

C’est ainsi d’ailleurs que prend fin l’Insurrection de Kresna-Razlog.

*  *  *

Les chefs et les organisateurs de l’Insurrection de Kresna-Razlog s’étaient posé des objectifs déterminés: rejeter les décisions du Congrès de Berlin, libérer les régions habitées par une population bulgare et les unir avec la Principauté bulgare libre. Ceci est exprimé dans l’appel des insurgés du 10 novembre 1878 dans lequel il est dit entre autre: “Ainsi donc, frères, il est grand temps de montrer ce que nous sommes, que nous sommes un peuple digne de liberté, que dans nos veines n’a pas cessé de couler le sang de Krum et de Simeon; il est temps de montrer à l’Europe que diviser tout un peuple par la mort - ce n’est pas drôle. . .” [1]. Pour la réalisation des ces objectifs, les dirigeants prévoyaient organiser une insurrection d’envergure qui, sur la base des succès militaires réels, obligeât les Grandes puissances à réexaminer les clauses du Traité de Berlin ayant trait à l’avenir et au sort des Bulgares
 

1. L’Insurrection de Kreana-Raslog 1878. Sofia, 1970, p. 135.

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en Macédoine. En ce sens ils s’appuyaient sur l’expérience socio-historique de la révolution nationale et avant tout sur l’Insurrection d’Avril 1876. Les chefs et les insurgés mettaient leurs espoirs principalement en la Russie qui avait donné tant de victimes pour la libératoin du peuple bulgare et qui devait donc s’engager de nouveau dans la juste cause des Bulgares.

Cependant la situation politique extérieure en 1878 s’était considérablement modifiée en comparaison avec les années précédentes. Contre la Russie au sujet de l’étendue et de l’unité de l’Etat bulgare se dressèrent résolument deux grandes puissances européennes - l’Autriche-Hongrie et l’Angleterre. L’extension de l’Etat bulgare vers l’ouest menaçait les intérêts politiques et économiques de la monarchie danubienne dualiste installée déjà en Bosnie et Herzégovine. Elle s’orientait vers le sandjak de Novipazar et visait à contrôler unilatéralement la voie ferroviaire Mitrovica-Salonique et la vallée du Vardar. Un nouvel Etat bulgare, et l’influence éventuelle sur lui de la Russie, était inadmissible eu égard aux aspirations futures de l’Autriche-Hongrie à l’endroit de Salonique. L’Angleterre de son côté considérait que le nouvel Etat bulgare renforcerait l’influence russe dans les Balkans et qu’il fallait limiter ses frontières et maintenir dans la mesure du possible l’inviolabilité des possessions européennes de l’Etat ottoman.

Les positions des autres Grandes puissances, bien que très nuancées, n’étaient pas favorables aussi à la cause nationale bulgare. D’autre part, la Turquie ottomane avait pris toutes les mesures possibles pour garder sa domination dans la Péninsule balkanique.

La Russie tsariste s’est avérée isolée au point de vue de la politique extérieure. Elle était même dressée devant la menace d’une guerre avec l’Autriche-Hongrie et l’Angleterre si elle venait à soutenir militairement (ce qui était la voie la plus radicale) les aspirations des insurgés à la libération du joug ottoman et à l’union de la Macédoine avec la Principauté bulgare. Financièrement et militairement affaiblie, la Russie adopte une position ferme par rapport à l’application des décisions du Congrès de Berlin à l’endroit de la Macédoine et, pour des raisons stratégiques, milite pour la sauvegarde du caractère bulgare de la Roumélie orientale. Aussi soutient-elle par tous les moyens la lutte et la résistance des patriotes de la Roumélie orientale, tout en interdisant officiellement son soutien et encouragement à l’Insurrection en Macédoine. Les représentants du gouvernement russe provisoire en Bulgarie, tels A. M. Dondukov-Korsakov, P. Alabine et autres, qui sympathisaient sincèrement et soutenaient la lutte commencée en Macédoine, furent même reprimendés par le gouvernement russe et par l’empereur en personne.

Ainsi l’Insurrection de Kresna-Razlog fut privée de sa réserve espérée et la plus sûre - le soutien militaire, diplomatique et politique russe et était en contradiction avec les intérêts austro-hongrois et anglais. Elle s’est heurtée d’autre part à un ennemi encore puissant - la machine militaire et politique de l’Etat ottoman. Ce sont là les causes déterminantes, à côté des raisons de caractère d’organisation intérieur, de l’échec de l’insurrection.

En conclusion, l’auteur souligne qu’en dépit de son insuccès, l’Insurrection de Kresna-Razlog est riche de résultats historiques incontestables. Elle a manifesté hautement non seulement la conscience et l’appartenance nationale de la population de cette région mais aussi ses vraies et profondes aspirations à rejeter le joug national et social et à vivre dans une patrie avec tous les Bulgares. En outre, l’Insurrection de Kresna-Razlog a posé à l’attention

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des Grandes puissances la question de l’application des réformes prévues au Traité de Berlin en Macédoine - processus long et pénible dont des décennies durant, s’est occupé l’Europe sans apporter pour autant la tranquillté et la paix au sein de la population opprimée. C’est dans cette liaison génétique, née de l’échec de l’Insurrection de Kresna-Razlog, avec l’époque suivante de réformes palliatives etc. en Macédoine, qu’il faut chercher également les causes de la création de l’Organisation révolutionnaire macédono-andrianopolitaine en 1843-1896 et du déclenchement de l’Insurrection d’Ilinden-Preobrazen de 1903.


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